Cluster 13

Projet Editions critiques

De la Renaissance aux Lumières : évolution des idées et édition des textes

2006
contact : Catherine Volpilhac-Auger

Dir. Catherine Volpilhac-Auger, Ecole Normale Supérieure - Lettres et Sciences humaines.

Laboratoires rhône-alpins impliqués

- UMR 5037, Institut d’Histoire de la Pensée classique (dir. Antony McKenna) :
- Centre d’Etude de la Rhétorique, de la Philosophie et de l’Histoire des Idées (CERPHI, ENS-LSH), dir. Pierre-François Moreau ;
- Groupe de Recherche sur l’Age Classique (GRAC, Univ. de Lyon II) ;
- Institut Claude Longeon (Univ. de Saint-Etienne, dir. Antony McKenna).
- UMR 5611, Littérature, Idéologies, Représentations, XVIIIe-XIXe siècle (LIRE, dir. Philippe Régnier) : composante grenobloise, dir. Jean-François Perrin

Ce projet est né au sein de l’UMR 5037, Institut d’Histoire de la pensée classique, qui est une fédération d’équipes de recherche de l’Université de Lyon II, de l’Ecole Normal Supérieure (LSH) et de l’Université de Saint-Etienne (et de Clermont II). Il a été élaboré en collaboration avec la composante grenobloise de l’UMR 5611, Littérature, Idéologies, Représentations, XVIIIe-XIXe siècle. Il témoigne ainsi de la dynamique de nos équipes régionales et confirme l’intérêt que nous portons aux éditions critiques, qui ont fait l’objet de nos travaux dans le cadre du Contrat Plan Etat-Région (CPER). Comme on verra dans la suite de ce nouveau projet, nous sommes engagés dans un certain nombre de projets importants d’édition critique et ces travaux s’accompagnent de colloques, de journées d’étude, de séminaires et d’ateliers de formation à l’adresse de nos doctorants et des jeunes chercheurs. Ce projet répond ainsi aux préoccupations et aux exigences de la Région à la fois sur le plan du savoir, puisque ces éditions constituent un apport capital à la connaissance historique, sur le plan patrimonial, puisque nos travaux s’accomplissent au sein d’équipes régionales qui jouissent d’une excellente réputation nationale et internationale, sur le plan du développement technologique (base de données Arcane) et sur le plan de la formation, enfin, puisque nous concevons l’édition critique comme un exercice régi par des normes rigoureuses et comme un apprentissage privilégié pour les jeunes chercheurs dans le domaine de l’histoire intellectuelle et littéraire qui est le nôtre.

Outre leur intérêt sur le plan du savoir traditionnel, certains de nos projets (Pascal, Bayle, Montesquieu, en particulier) comportent un aspect important sur le plan de la numérisation : constituées sous forme de bases de données, les éditions de Pascal et de Bayle exigent la numérisation des manuscrits principaux pour que, à tout moment, conformément aux exigences de l’édition électronique la plus moderne, le lecteur puisse visualiser les manuscrits exploités par les éditeurs ; l’édition de Montesquieu exige la numérisation de certains manuscrits et l’application d’une méthode informatisée de reconnaissance des écritures, afin d’établir avec certitude et selon des critères objectifs la chronologie de la composition. Cet aspect de ces propositions fait l’objet d’une demande spécifique dans le cadre du Cluster 13, projet “ Numérisation ” (dir. Hubert Emptoz et Jean-Paul Metzger).

L’envergure du programme rend indispensable la recherche de partenariats nouveaux, dans le cadre d’une action complémentaire avec d’autres pôles (notamment le Pôle Universitaire Normand Caen-Rouen) qui renforcera à la fois le potentiel de chercheurs en histoire des idées et les ressources nécessaires au développement électronique. Un projet en ce sens sera donc déposé prochainement auprès de l’ANR.

Problématique intellectuelle

La problématique intellectuelle qui fonde ce projet constitue une interprétation de l’évolution des idées depuis la Renaissance jusqu’au siècle des Lumières et une réflexion sur les modes d’écriture de la philosophie à une époque où littérature et philosophie sont deux faces complémentaires d’une même démarche intellectuelle. Les étapes de cette évolution peuvent être déclinées comme suit : le statut du scepticisme à la fin du xvie siècle (Sextus Empiricus, Agrippa von Nettesheim, Montaigne), l’influence de Montaigne et de Charron au xviie siècle (La Mothe Le Vayer, Gassendi), la réaction de l’Eglise et la constitution du rationalisme classique comme nouvelle “Philosophie chrétienne” (Descartes, Malebranche : position critique de Pascal), l’échec du rationalisme théologique et la naissance du rationalisme philosophique - anti-chrétien - au tournant du xviie siècle (Spinoza, Bayle, les manuscrits philosophiques clandestins, les “Lumières radicales”) et, enfin, la constitution du “High Enlightenment” et de la prestigieuse “philosophie des Lumières” (Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, Condillac).

Cette évolution de l’histoire des idées, qui met en évidence la pertinence d’une perspective longue - de la Renaissance aux Lumières -, s’accompagne d’une évolution de la libre pensée. Dans un projet antérieur (CPER), nous avons étudié le rôle de Spinoza et du “spinozisme” dans la constitution des “Lumières radicales” et nous avons suivi les traces de la diffusion de ce spinozisme dans les œuvres et la correspondance de Pierre Bayle, dans les œuvres de Montesquieu et dans certains circuits de diffusion au xviiie siècle (Mémoires secrets de Bachaumont). Dans le présent projet, nous serons attentifs à la résurgence des philosophies de l’Antiquité : stoïcisme, scepticisme, épicurisme, matérialisme, platonisme et néo-platonisme, car leur réception et leur diffusion aux xvie et xviie siècles constituent le contexte intellectuel de la réception du spinozisme, de la pensée de Bayle et de la philosophie radicale des manuscrits clandestins. Certes, on change de monde entre la Renaissance et les Lumières, mais le passage d’un monde à l’autre, s’il fut réel, ne fut pas brutal. Quels sont les traits caractéristiques du monde intellectuel au xviie siècle qui ont rendu possible la réception de Spinoza, la conception du matérialisme “stratoniste” de Bayle, le rationalisme radical, malebranchiste et anti-chrétien, de Du Marsais au xviiie ? N’y a-t-il pas dans le contexte philosophique du xviie siècle des forces vives, inhérentes aux systèmes conceptuels, qui annoncent, préparent et qui sont enfin la condition même de la réception de Spinoza et du matérialisme baylien ou clandestin au xviiie siècle ? De telle sorte qu’Olivier Bloch puisse épingler Abraham Gaultier comme un “spinoziste malgré lui”, que Jean Deprun puisse décrire le curé Meslier comme un “malebranchiste de gauche” et que Gianluca Mori puisse décrire la continuité de la carrière intellectuelle de Bayle depuis ses premières difficultés proposées en 1679 à Pierre Poiret - et donc à la théologie rationaliste - jusqu’à sa formulation tardive (en 1705) du matérialisme “stratoniste”.

Après le succès des Essais de Montaigne (fin xvie-début xviie siècle), on assiste au déferlement du scepticisme philosophique, qui sera érigé ironiquement en défense de la doctrine chrétienne par La Mothe Le Vayer et par Bayle. Au même moment, triomphe le naturalisme italien issu de l’aristotélisme averroïste, enseigné par les philosophes de Padoue (Cremonini, Pomponazzi, Vanini) et relayé par leurs disciples (Théophile de Viau, Charles Sorel). Mais le coup frappé par François Garasse en 1623 contre Théophile et contre Charron portera ses fruits. Les libres penseurs se censurent et se masquent par prudence. Le théâtre de Molière porte de façon exemplaire l’héritage philosophique de la paideia - de l’honnêteté ou sociabilité classique - lue à travers La Mothe Le Vayer et Gassendi : la leçon de ses pièces est le matérialisme épicurien, sur lequel il fonde sa dénonciation de l’imposture religieuse, sa conception de l’ordre social, sa morale de la prudence ; cette morale laïque décline les valeurs de la prud’homie héritée de Charron. Après le scepticisme et le naturalisme italien, cet épicurisme lucrétien, tel qu’il s’exprime dans les romans de Cyrano et dans les pièces de Molière, constitue ainsi le troisième grand courant du libertinage philosophique au xviie siècle. Il sera relayé en fin de siècle par la philosophie anti-chrétienne issue des apories du rationalisme chrétien de Descartes et de Malebranche et qui trouve son expression la plus accomplie dans la philosophie de Spinoza et dans les critiques anti-chrétiennes qu’en tirent les philosophes clandestins.

L’histoire intellectuelle de la Renaissance aux Lumières est souvent analysée comme si les moments importants étaient des points de rupture définitive, irrévocable, des moments où on “tournait la page” en quelque sorte. Le siècle se déroulerait ainsi en “étapes” marquées par la publication des Essais de Montaigne et le triomphe du scepticisme pyrrhonien, ensuite par la publication du Discours de la méthode et des Méditations métaphysiques et le fondement d’un nouveau rationalisme chrétien ; les Objections de Hobbes et de Gassendi (1652) minent ce rationalisme en accordant un nouvel empire au corps et à l’imagination, donc au point de vue et au témoignage ; Malebranche (1674-1675) refonde le rationalisme chrétien dans l’Ordre des raisons ; enfin, les philosophes clandestins tirent de cet ordre des raisons, à l’exemple de Bayle, des conséquences incompatibles avec la conception du Dieu chrétien. Les honnêtes gens que nous sommes parcourons ainsi le siècle en tournant le dos successivement à Montaigne, à Descartes, à Gassendi, à Malebranche, marchant vers les Lumières... Mais cette image est évidemment une illusion simpliste. On ne tourne pas la page : c’est une illusion a posteriori. Les acteurs de cette histoire très complexe n’avaient pas la même vision que nous des oppositions et des incompatibilités. Les systèmes se disloquent ; on retient la méthode et on rejette les conséquences que le fondateur en tirait ; on retient la physique et on rejette la psychologie et l’épistémologie qu’elle entraînait. Ainsi, Montaigne exerce son influence sur tout le siècle - le scepticisme est une force vive, comme en témoigne La Mothe Le Vayer. Ensuite, Descartes a ses disciples bien après 1650 - le cartésianisme est un acteur majeur dans la révolution philosophique avant de devenir un obstacle aux propositions futures du transformisme au xviiie siècle. Malebranche ne tourne pas la page définitivement sur Hobbes et Gassendi, qui inspirent encore, comme Pascal l’avait appréhendé, le libertinage de “l’honnête homme” des années 1660 et 1670. La victoire de Malebranche est fortement contestée dès ses débuts, non seulement par les cartésiens fidèles tels qu’Antoine Arnauld, mais aussi par Dortous de Mairan, qui lui demande, sans obtenir de réponse satisfaisante, à quel moment précis il diverge de la voie spinoziste, tandis que Montesquieu , en bon disciple des oratoriens, se plonge dans le système malebranchiste pour mieux prendre ses distances avec ce qu’il appelle ses “ visions ”... Enfin, Bayle et ses lecteurs, les philosophes clandestins, peuvent se proclamer les véritables disciples de Malebranche : Dieu n’est pas libre ; il est prisonnier de la nature des choses ; les vérités éternelles pèsent comme un fatum sur l’acte de la Création... jusqu’à ce que cet acte même, comme son auteur, se révèlent être, en définitive, des hypothèses inutiles. Et cette conclusion même, si conclusion elle est, cet athéisme s’appuyant ainsi sur les raisons de Malebranche, rejoignait ou semblait rejoindre la conception déjà ancienne de Cyrano d’un univers matériel animé par la force vive du feu... Ainsi, la crise ne surgit pas d’une expérience qu’on oppose au rationalisme classique ; elle naît du sein même de ce rationalisme : le cartésianisme pouvait bien conduire au spinozisme, comme l’appréhendaient les théologiens ; le malebranchisme pouvait bien constituer un chemin au spinozisme, comme l’avait affirmé Dortous de Mairan. Telle est la nature chaotique du débat philosophique au xviie siècle, où les voix se font écho, mais sur d’autres plans, où les conclusions se répètent, mais fondées sur d’autres prémisses. Les éditions critiques que nous proposons dans le cadre de ce grand projet permettront de saisir sur le vif la complexité de cette histoire intellectuelle qui fonde la modernité ; elle doit permettre également une interrogation continue sur les modalités d’expression d’une pensée qui ne peut se dire en toute liberté, et dont l’écriture même constitue un objet de réflexion, à la fois affirmation et dissimulation de cette liberté d’esprit.

Les éditions critiques

Notre projet, axé sur une série d’éditions critiques, est un lieu privilégié pour mettre à l’épreuve des textes cette vision de l’histoire intellectuelle. 1) Michèle Clément et Emmanuel Naya proposent l’édition critique de l’œuvre majeure, sceptique, de Corneille Agrippa von Nettesheim, De Incertudine et vanitate scientiarum. 2) Emmanuel Naya participe à une nouvelle édition critique des Essais de Montaigne, qui souligne l’impact du pyrrhonisme tant sur l’histoire des idées que sur la poétique et la stylistique au xvie siècle. 3) Michèle Rosellini participe à l’édition critique de la Bibliothèque françoise de Charles Sorel, qui partage la philosophie naturaliste que Théophile de Viau hérite de Vanini et qui devient un témoin et un acteur capital du mouvement et des idées au milieu du siècle ; un écho est donné à ses idées par Cyrano, qui exploite son érudition, et par Molière, qui prend ses distances à l’égard du libertinage échevelé de Francion. 4) Les Œuvres complètes de Gabriel Naudé font l’objet d’un grand projet en cours dirigé par Frédéric Gabriel : Naudé joue un rôle important au sein du le mouvement des “libertins érudits” ; il est considéré comme le médiateur principal du “machiavélisme” en France et ses ouvrages posent de redoutables problèmes d’interprétation par rapport au scepticisme affiché de La Mothe Le Vayer. 5) Laurent Thirouin et Dominique Descotes préparent une nouvelle édition critique des Pensées de Pascal, adversaire farouche du rationalisme chrétien de Descartes et de la “philosophie chrétienne” de ses disciples. 6) Pierre-François Moreau poursuit l’édition critique des œuvres complètes de Spinoza et met en évidence l’enracinement de sa philosophie dans les textes classiques et la nature de la “rupture” que constatent et imposent ses disciples. 7) L’édition critique de la correspondance de Pierre Bayle, dirigée par Antony McKenna, sert de clef de lecture de ses œuvres complexes : c’est dans sa correspondance que Bayle révèle la portée du système des Stratoniciens, matérialisme spinoziste révisé, modèle de matérialisme métaphysique, de “malebranchisme d’extrême gauche”, qu’on retrouvera dans le Testament du curé Meslier. 8) Les manuscrits philosophiques clandestins témoignent, eux aussi, de la rupture spinoziste et de la virulence des conséquences anti-chrétiennes que les amateurs pouvaient en tirer : plusieurs éditions critiques proposées par Antony McKenna permettront de constater le renversement du rationalisme chrétien en rationalisme philosophique. 9) L’édition critique des œuvres complètes de Montesquieu, dirigée par Catherine Volpilhac-Auger, permet de mesurer la capacité de rupture d’une pensée formée au malebranchisme et empruntant à Spinoza son argumentation pour contester l’athéisme même et mieux se déployer juridiquement, philosophiquement, politiquement. 10) Laurent Bove démontre qu’un spinozisme approfondi fournit aussi la clef de l’unité de l’œuvre du jeune philosophe Vauvenargues, dont les écrits souvent fragmentés ont été jusqu’ici réduits à un moralisme atone. 11) Comme le démontre Pierre Boutin dans son édition critique en cours des œuvres de Nicolas-Antoine Boullanger, il faut ajouter aux textes connus des traités scientifiques jusqu’ici inédits ou mal attribués ; l’œuvre du jeune philosophe se décline ainsi comme un puissant soutien scientifique au rejet du despotisme civil et religieuxcar il démontre que les catastrophes naturelles ont été les “ vrais législateurs des sociétés renouvelées ”, comment la peur des hommes de leur surgissement annoncé a pu faire naître les impostures de la théocratie et du despotisme. 12) Suivant le fil de l’héritage lockien, l’édition critique des œuvres complètes de Condillac, dirigée par Aliènor Bertrand, permet de redécouvrir les fondements sémiologiques et naturalistes d’une philosophie encyclopédique et critique qui montre que les sciences sont des langues bien faites en se confrontant à la positivité des savoirs établis. 13) Avec les Éloges académiques et traductions de D’Alembert, éd. Catherine Volpilhac-Auger et Olivier Ferret, la philosophie se pose désormais en championne des libertés de penser et affiche ses valeurs, posées comme point de ralliement, en les présentant néanmoins selon de subtils procédés de codages. 14) L’Essai sur les mœurs de Voltaire, édité par Catherine Volpilhac-Auger et Olivier Ferret, est la première tentative d’inscrire cette philosophie dans une histoire du monde, histoire politique, sociale et culturelle : Voltaire a tout lu et conduit son débat personnel avec le matérialisme de Meslier et avec celui de Diderot : cet ouvrage, dont l’édition critique est dirigée par Catherine Volpilhac-Auger, est un témoin capital de l’anthropologie culturelle des Lumières. 15) Enfin, les Mémoires secrets attribués à Bachaumont, édités sous la direction de Christophe Cave et de Suzanne Cornand, constituent un témoignage vivant sur la diffusion de la philosophie des Lumières, de la littérature clandestine, du matérialisme, des différents courants du déisme et de l’antichristianisme : ils montrent comment une philosophie s’incarne dans une littérature et dans une culture.

Dans la perspective qui est la nôtre, ces entreprises éditoriales - conduites par des équipes reconnues de la région Rhône-Alpes (UMR 5037 et UMR LIRE) - s’appuient et se renforcent les unes les autres. La dynamique de notre équipe régionale assure la cohérence de notre réflexion et celle du projet dans son ensemble. Surtout, l’unité de ce projet ne consiste pas seulement dans l’interprétation d’une histoire intellectuelle, mais aussi dans la méthodologie rigoureuse de l’édition critique. Nous appliquons les critères de la philologie classique et nous sommes persuadés à la fois de la valeur intellectuelle de l’édition critique en soi, de son apport culturel irremplaçable, de son rôle stratégique dans l’interprétation d’un auteur, et aussi de la valeur formatrice du travail qu’elle implique : établissement du texte avec une fidélité absolue à tout ce qui dans un manuscrit ou un imprimé est porteur de sens, de son histoire et de son “arbre généalogique”, annotation critique de l’état des manuscrits, annotation explicative comportant l’identification des personnes et des ouvrages mentionnés, glossaire de la langue ancienne, interprétation du contexte social et intellectuel qui donne sens au texte et qui en détermine les enjeux... A ces aspects traditionnels de la philologie s’ajoutent maintenant les exigences de l’outil informatique : toutes nos travaux ont vocation à être intégrés dans des bases électroniques et certaines éditions s’élaborent sous forme de bases de données. L’édition de Montesquieu s’intègre dans le projet “Lumières électroniques” de la Fondation Voltaire ; l’édition de la correspondance de Bayle se fait en base de données sous un nouveau logiciel en développement (Arcane), spécialement conçu pour les bases de données relationnelles en SHS : plusieurs des éditions critiques en cours ont vocation à être intégrées dans une base de données Arcane du même type (voir la présentation succincte d’Arcane en Annexe 1 de ce projet). Tous ces aspects cruciaux de notre travail feront l’objet de colloques, de séminaires et d’ateliers de formation des doctorants et des jeunes chercheurs de notre région, constituant ainsi un aspect capital du développement de l’esprit critique.

Editions critiques proposées dans le cadre de ce projet UMR 5037 et UMR LIRE

- 1) Corneille Agrippa von Nettesheim, De incertudine et vanitate scientiarum, éd. Michèle Clément et Emmanuel Naya (GRAC, Lyon II) ;
- 2) Montaigne, Essais, éd. Emmanuel Naya et al. (GRAC, Lyon II) ;
- 3) Charles Sorel, Bibliothèque françoise, éd. Michèle Rosellini (CERPHI, ENS-LSH), Alain Viala, Claudine Nédelec et al. ;
- 4) Gabriel Naudé, Œuvres complètes, dir. Frédéric Gabriel (CERPHI, ENS-LSH) ;
- 5) Jacques Gaffarel, Œuvres complètes, dir. Frédéric Gabriel (CERPHI, ENS-LSH) ;
- 6) Pascal, Pensées, éd. Laurent Thirouin (GRAC, Lyon II) et Dominique Descotes (CERHAC, Clermont II, UMR 5037) ;
- 6) Spinoza, Œuvres complètes, dir. Pierre-François Moreau et al. (CERPHI, ENS-LSH) ;
- 7) Pierre Bayle, Correspondance, dir. Antony McKenna (Inst. Cl. Longeon, Saint-Etienne) ;
- 8) Manuscrits philosophiques clandestins, éd. Antony McKenna (Inst. Cl. Longeon, Saint-Etienne) ;
- 9) Montesquieu, Œuvres complètes, dir. Catherine Volpilhac-Auger (CERPHI, ENS-LSH) ;
- 10) Vauvenargues, Œuvres complètes, éd Laurent Bove (CERPHI, ENS-LSH), Daniel Acke, Jean Dagen, Jeroom Vercruysse)
- 11) Nicolas-Antoine Boullanger, Œuvres complètes, éd. Pierre Boutin (Ins. Cl. Longeon, Saint-Etienne) ;
- 12) Condillac, Œuvres complètes, dir. Aliènor Bertrand (CERPHI, ENS-LSH) ;
- 13) D’Alembert, Éloges académiques et traductions, éd. Catherine Volpilhac-Auger (CERPHI, ENS-LSH) et Olivier Ferret (UMR LIRE, Lyon 2) ;
- 14) Voltaire, Essai sur les mœurs, dir. Catherine Volpilhac-Auger (CERPHI, ENS-LSH) et Olivier Ferret (UMR LIRE, Lyon 2) ;
- 15) Bachaumont, Mémoires secrets, dir. Christophe Cave et Suzanne Cornand (UMR LIRE, Grenoble).

Calendrier du projet

2006

- Publications :
— Bayle, dir. A. McKenna,vol. 6 et 7 ; publication de manuscrits clandestins, éd. A. McKenna ; Mémoires secrets, volume 1 ;
— Boullanger, t. 2 ;
— Spinoza, Premiers écrits ;
— Condillac : t. 20-21, Dictionnaire des synonymes ;

En préparation :
— Agrippa, établissement du texte ;
— Montaigne, livre 1/3, texte et commentaire ;
— Montesquieu, L’Esprit des lois, vol. 1/2, transcription ;
— Voltaire, Essai sur les mœurs, vol. 2 ;
— D’Alembert, Eloges 1772 (transcription et specimen d’annotations), Traductions : transcription éd. de 1784 ;
— Condillac : transcription du Traité des systèmes ; transcription du Traité des sensations ;

- Séminaires :
— séminaire Spinoza, dir. P.-F. Moreau : “ Le Traité théologico-politique ” ; séminaire Histoire et théorie de l’édition critique, C. Volpilhac-Auger ;
— Séminaire de recherche mensuel Traité des systèmes, dir. Aliènor Bertrand ;

- Colloques et Journées d’étude :
— Colloque “la Correspondance de Pierre Bayle”, pour le tricentenaire de sa mort ;
— Journée d’étude manuscrits clandestins, dir. A. McKenna ;
— Journée d’étude Libertinage et philosophie, dir. A. McKenna et P.-F. Moreau ;
— Journée d’étude sur les Mémoires secrets ;
— Journée d’étude sur Voltaire, “ Les sources de l’Essai sur les mœurs : érudition et anthropologie ” ;
— Journée d’étude, “ Spinoza et la logique ” ;
— Journée Condillac, Dictionnaire des synonymes (Nanterre), dir. Aliènor Bertrand, Jean-Christophe Abramovici ;
— Journée d’études édition Condillac, dir. Aliènor Bertrand.

2007

- Publications : Bayle, vol. 8 ; Réflexions morales et métaphysiques, ms clandestin, éd. A. McKenna ; Voltaire, Essai sur les mœurs, vol. 2 ; Mémoires secrets, vol. 2 et 3 ; Boullanger, t. 1 ; Condillac, t.4 et t. 17 : Traité des sensations, Le commerce et le gouvernement. en préparation : Agrippa, annotation ; Montaigne, livres 2 et 3/3 ; Montesquieu, L’Esprit des lois, vol. 1/2, annotation ; Montesquieu, Correspondance, vol. 2/3, transcription ; D’Alembert, Eloges 1773 (transcription et specimen d’annotations), Traductions (variantes) ; numérisation des Pensées de Pascal ; numérisation de la correspondance de Bayle ; Condillac : transcription du Traité des animaux,de l’Art d’écrire, du Cours d’histoire ;

- Séminaires : séminaire Spinoza, dir. P.-F. Moreau : “ L’Ethique ” ; Journée d’études édition Condillac, dir. Aliènor Bertrand ; Séminaire de recherche mensuel Traité des systèmes, dir. Aliènor Bertrand

- Colloques et Journées d’étude : Journée d’étude manuscrits clandestins, juin, dir. A. McKenna ; Journée d’étude Libertinage et philosophie, avril, dir. A. McKenna et P.-F. Moreau ; Colloque “ Le platonisme en France du xvie au xviiie siècle ”, dir. C. Volpilhac-Auger et M. Rosellini ; Journée d’étude, “ Spinoza, la psychologie, la psychanalyse ” ; Journée d’étude “ Editer des correspondances ”, dir. A. McKenna et C. Volpilhac-Auger ; Colloque “ Les esthétiques des Mémoires secrets ” ; Colloque Traité des systèmes (dir. Aliènor Bertrand) ; Système et histoire dir. (Aliènor Bertrand, Pierre Serna) ;

2008

- Publications : Agrippa ; Montaigne ; Bayle, vol. 9 et 10 ; Voltaire, Essai sur les mœurs, vol. 3 ; Mémoires secrets, vol. 4 et 5 ; Spinoza, L’Ethique ; en préparation : Montesquieu, L’Esprit des lois, vol. 2/2, transcription et annotation ; Montesquieu, Correspondance, vol. 2/3, annotation ; D’Alembert, Eloges, 1774-1775 (transcription et annotation) ;

- Séminaires : séminaire Spinoza, dir. P.-F. Moreau, “ L’Ethique ” (suite)

- Colloques et Journées d’étude : Journée d’étude manuscrits clandestins, juin, dir. A. McKenna ; Journée d’étude Libertinage et philosophie, avril, dir. A. McKenna et P.-F. Moreau ; séminaire Histoire et théorie de l’édition critique, C. Volpilhac-Auger ; Journée d’étude, P.-F. Moreau : “ Problèmes de la nouvelle édition des textes de Spinoza ”.

2009

- Publications : Bayle, vol. 11 ; Montesquieu, L’Esprit des lois, t. 1 et 2 ; Voltaire, Essai sur les mœurs, vol. 4 ; Mémoires secrets, vol. 6 ; Boullanger, t. 3 ; Spinoza, Principes de la philosophie de Descartes. Pensées métaphysiques ; Condillac, t.10-t. 11, Cours d’Etudes, Histoire ancienne ;; en préparation : Montesquieu, Correspondance, vol. 3/3, transcription ; D’Alembert, Eloges, 1776-1777 (transcription et annotation) ; Condillac, transcription t. 13 et 15, Cours d’étude, Histoire moderne ; transcription Art de raisonner

- Séminaires : séminaire Spinoza, dir. P.-F. Moreau, “ L’Ethique ”, suite ; Condillac, Séminaire Système et histoire, dir. A. Bertrand et P. Serna

- Colloques et Journées d’étude : Journée d’étude manuscrits clandestins, juin, dir. A. McKenna ; Journée d’étude Libertinage et philosophie, avril, dir. A. McKenna et P.-F. Moreau ; ; Colloque : “ Montesquieu et ses contemporains ”, dir. C. Volpilhac-Auger ; Journées d’étude, P.-F. Moreau : “ La lecture spinozienne des Principia de Descartes ; Journée d’études édition Condillac, dir. Aliènor Bertrand

2010

- Publications : Bayle, vol. 12 et 13 ; Voltaire, Essai sur les mœurs, vol. 5 ; Mémoires secrets, vol. 7 et CD (édition électronique) ; Condillac, t. 9 et t. 16 , De l’étude de l’Histoire, Art de raisonner ; en préparation : Montesquieu, Correspondance, vol. 3/3, annotation ;

- Séminaires : séminaire Spinoza, dir. P.-F. Moreau ; D’Alembert, Eloges, 1778-1779 (transcription et annotation) ;

- Colloques et Journées d’étude : Journée d’étude manuscrits clandestins, juin, dir. A. McKenna ; Journée d’étude Libertinage et philosophie, avril, dir. A. McKenna et P.-F. Moreau ; séminaire Histoire et théorie de l’édition critique, C. Volpilhac-Auger ; Journée d’étude “ Editer des correspondances ”, dir. A. McKenna et C. Volpilhac-Auger.

2011

- Publications : Bayle, vol. 14 ; Voltaire, Essai sur les mœurs, vol. 6 ; Condillac, t. 6 et t. 18, Grammaire, La Logique ; en préparation : Montesquieu, Correspondance : harmonisation de l’ensemble et indexation générale ; D’Alembert, harmonisation Eloges 1772-1779 ;

- Séminaires : séminaire Spinoza, dir. P.-F. Moreau ;

- Colloques et Journées d’étude : Journée d’étude manuscrits clandestins, juin, dir. A. McKenna ; Journée d’étude Libertinage et philosophie, avril, dir. A. McKenna et P.-F. Moreau ; colloque “ Voltaire et les Lumières ”,dir. O. Ferret et C. Volpilhac-Auger ;

2012

- Publications : Bayle, vol. 15 et 16 ; Montesquieu, Correspondance, t. 2 et 3 ; Voltaire, Essai sur les mœurs, vol. 7 ; Condillac, t. 2 et t. 19, Les Monades, La Langue des calculs ; en préparation : Voltaire, Essai sur les mœurs, vol. 1 (introductions générales).

- Séminaires : séminaire Spinoza, dir. P.-F. Moreau ; séminaire Histoire et théorie de l’édition critique, C. Volpilhac-Auger

- Colloques et Journées d’étude : Journée d’étude manuscrits clandestins, juin 2007, dir. A. McKenna ; Journée d’étude Libertinage et philosophie, avril 2007, dir. A. McKenna et P.-F. Moreau ; Journée d’étude “ Editer des correspondances ”, dir. A. McKenna et C. Volpilhac-Auger. ;



Établissements rhônalpins engagés :
— Université Lumière Lyon 2 (établissement porteur), ENS-LSH (établissement d’hébergement)
— INSA, Université Claude Bernard Lyon 1, Université Jean Moulin Lyon 3, Université de Savoie (Chambéry), Université Stendhal Grenoble 3, Université Pierre-Mendès France Grenoble 2, Université Jean Monnet Saint-Étienne

Le CNRS participe à travers ses chercheurs à temps plein et son rôle d’opérateur national auprès des unités de recherche ou de service dont il partage la tutelle avec les établissements précités, y compris l’Institut des Sciences de l’Homme.

Dans la seule limite de ses moyens, le cluster a naturellement vocation à faire bon accueil à toute proposition en rapport avec ses thématiques lorsqu’elle émane de collectivités territoriales, d’associations, d’institutions ou d’entreprises rhônalpines.